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Directeur, chaîne d'approvisionnement,
Cascades
 



Je m’appelle Oumar Ba et je suis directeur de la chaîne d'approvisionnement pour Cascades. Je suis Sénégalais d’origine. À 51 ans, j’ai vécu plus longtemps à Kingsey Falls, où je suis arrivé en 1995, que partout ailleurs sur la planète. Je me considère évidemment Sénégalais, mais aussi pleinement Québécois.

Je suis né à Dakar, la capitale du Sénégal. Je suis arrivé au Québec à l’âge de 18 ans pour réaliser des études supérieures en informatique. Dans les années 1970, une minorité de Sénégalais faisait des études supérieures, et de ceux-là, une proportion encore plus petite avait la chance d’étudier à l’extérieur du pays. Contrairement à mes parents qui, eux aussi, ont fait des études supérieures ailleurs qu’au Sénégal, j’ai choisi de ne pas retourner dans mon pays d’origine en raison des minces opportunités de carrière offertes dans mon domaine.

Ma première expérience chez Cascades a été en tant que stagiaire, en 1991, alors que je complétais mon baccalauréat à l’Université de Sherbrooke. J’ai obtenu un emploi permanent à l’usine Plastiques Cascades en octobre 1995, tout juste après ma maîtrise. J’ai donc emménagé à Kingsey Falls.

Dans cet endroit où tout le monde se connaît, je m’y suis d’abord senti comme un étranger, d’autant plus qu’il n’y avait pas d’autres noirs, ni même d’autres nationalités! Par contre, ce qui m’a beaucoup aidé, c’est l’initiation des nouveaux employé(e)s qui avait lieu d’octobre à décembre. Tout de suite, j’ai pu faire de belles connaissances!

Juste à mon usine, nous étions cinq initiés. Cette activité a facilité beaucoup mon intégration dans mon milieu de travail. En plus, j’ai été accueilli par une équipe de travail incroyable, qui s’est montrée accueillante à mon égard. Tous les vendredis, nous allions manger au restaurant. Ce simple petit geste a fait toute la différence. Les gens étaient ouverts à moi, donc je me suis ouvert à eux. Au printemps, j’organisais par moi-même une petite ligue de soccer au village.
 

Affronter les préjugés


Même si mon intégration au Québec s’est somme toute bien passée, je ne peux pas dire que tout est toujours facile. La réalité, c’est que tu ne peux pas vivre ici, être d’origine étrangère et ne pas être constamment confronté à ta différence. Par exemple, lors de rencontres avec des fournisseurs, il leur vient rarement à l’idée que je suis puisse être le patron. Souvent, ils se dirigent vers un autre de mes collègues, qui est en fait mon employé, ce qui donne lieu à des situations parfois malaisantes lorsqu’ils prennent connaissance de nos rôles respectifs. J’ai aussi été témoin d’une situation où même des personnes noires, comme moi, avaient de la difficulté à concevoir que je puisse être gestionnaire d’une équipe; comme quoi les préjugés nous concernent tous et toutes.

Est-ce que j’ai vécu des actes de racisme et de discrimination? Dieu merci, non, et ce, n’importe où je suis allé, que ce soit au Québec ou ailleurs.

Par contre, les autres portent un regard différent sur moi. Je suis conscient que ce regard existe et qu’il faut que je vive avec si je veux avancer. En tant qu’immigrant, j’ai vite compris que la barre à atteindre serait probablement plus haute que les autres. J’ai fait une maîtrise car j’ai toujours pensé que mon baccalauréat en informatique ne vaudrait jamais autant que celui d’un Québécois.

La diversité, source de richesse


La diversité est un sujet qui me touche particulièrement et auquel je m’intéresse beaucoup. Avec mes lectures, j’ai compris que les gens ont peur de l’inconnu, qu’ils se confortent dans ce qu’ils connaissent. Dans les milieux professionnels, ça a comme effet malheureux de rendre les équipes de travail homogènes. Au contraire, les gestionnaires devraient avoir le courage de choisir, à compétence égale, les membres de leur équipe selon l’enrichissement et la diversité qu’ils apporteront.

Je suis content de l’initiative de Cascades de donner de la visibilité aux témoignages et à l’expérience de ses employé(e)s, et c’est pourquoi j’accepte de raconter mon histoire. C’est une belle occasion de questionner nos préjugés, d’enlever nos œillères et de comprendre qu’on s’enrichit avec la diversité.