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Compostage et récupération : comprendre leurs différences
Le compostage tend à s’enraciner dans les habitudes d’un nombre grandissant de personnes, rappelant l’ancrage graduel de la récupération il y a une trentaine d’années. Si compostage et récupération ont l’avantage commun de dévier des matières des sites d’enfouissement, leurs processus restent bien différents.

La fin de vie d’un produit est réfléchie aux balbutiements d’une démarche d’écoconception. Le compostage est une possibilité de revaloriser, après usage, les produits d’hygiène en papier tissu et les emballages en contact avec les aliments.
De nature à composter
Alors que le recyclage résulte d’une intervention humaine, les grands maîtres d’œuvre du compostage sont les micro-organismes, tels que les bactéries et les moisissures. Ils s’activent naturellement en présence de résidus organiques pour assurer la dégradation et la transformation finale en compost.
Le compost est le produit fini du compostage. Il est riche en humus, une matière organique stabilisée bénéfique pour le sol. Il améliore entre autres ses propriétés physico-chimiques ainsi que ses activités biologiques. Le compost contient également des nutriments organiques essentiels, comme l’azote et le phosphore. Il sert d’ailleurs d’engrais organique qui, par le relâchement lent de ses nutriments, favorise la croissance des végétaux en plus de stimuler la vie biologique du sol.
Règle générale, ce sont les produits organiques qui se compostent le plus facilement : fruits, légumes, pain, feuilles, branches, résidus verts comme le gazon, etc.
Ainsi, le choix des matières premières est déterminant dans la conception d’un produit que l’on veut compostable. Certains matériaux remplissent naturellement ce rôle, comme la cellulose (issue du bois), l’amidon naturel et la chitine (provenant des carapaces de homards et de crevettes).
Biodégradable ou compostable : une question de temps et de sécurité pour l’environnement
Gobelets à café, pailles en plastique, glacières en polystyrène, tout ce qui se trouve sur notre planète est en quelque sorte biodégradable. Reste à savoir en combien de temps! Certains matériaux prennent en effet plusieurs centaines d’années avant d’être dégradés par les micro-organismes.
Un produit démontré « compostable » du point de vue de la biodégradabilité est dégradable par les micro-organismes en trois ou six mois tout au plus. En présence d’oxygène, les micro-organismes doivent pouvoir utiliser les matériaux comme une source de carbone et d’énergie pour leurs activités métaboliques et se multiplier. Ils doivent être capables de s’y attaquer avec leurs enzymes, de « petits couteaux » qui brisent les matériaux en fins morceaux pouvant ensuite être ingérés dans leurs cellules.
Cette activité de dégradation par les micro-organismes libère du dioxyde de carbone (CO2), de l’eau, de nouvelles bactéries et de la chaleur. Cette dernière est d’ailleurs responsable de l’élévation de la température durant les procédés de compostage industriel ou municipal.
En résumé, 90 % des matières à composter doivent être transformées en CO2 par les bactéries en six mois, au maximum, pour qu’elles puissent être qualifiées de compostables selon les normes standard du compostage industriel. Le temps est donc un facteur déterminant. Alors qu’un produit certifié compostable est toujours biodégradable en un temps précis (maximum six mois), un produit biodégradable n’est pas nécessairement compostable, puisque son temps de dégradation par les micro-organismes pourrait être de plus de six mois. De plus, les produits certifiés compostables sont sécuritaires pour les plantes et le sol (absence de toxicité garantie), contrairement aux produits biodégradables, dont certains pourraient relâcher des produits toxiques non biodégradables (ex. : microplastiques d’origine fossile).
La cellulose, une matière à composter
Les produits d’hygiène en papier tissu sont constitués principalement de cellulose, une matière organique facilement biodégradable par les micro-organismes présents dans le procédé de compostage. En venant confirmer que ces produits respectent la norme nord-américaine de compostabilité (ASTM D6868) et qu’ils sont exempts ou se situent sous la limite pour les contaminants à base de fluor, on peut s’assurer du succès du compostage des essuie-mains, des papiers-mouchoirs et des serviettes de table.
Compostable ou biodégradable? Q&R avec Marie-Hélène

Marie-Hélène Charest
Microbiologiste
Centre de recherche et de développement de Cascades
La superposition de deux feuilles de papier pour fabriquer un essuie-tout peut nécessiter l’ajout d’une colle, contrairement aux autres papiers tissus. Cet additif chimique est ajouté en faible quantité, à savoir dans les limites permises par la norme Nord-Américaine de compostabilité, de façon à ne pas empêcher le compostage du produit.
Aussi composés de cellulose, la pâte moulée et les cartons plats utilisés pour l’emballage alimentaire peuvent également être compostés, car ils sont souvent souillés par les aliments après usage. De tels emballages contiennent des additifs en quantité négligeables, dans le respect des limites permises, ou sont eux-mêmes compostables.

Par exemple, nos plateaux à œufs en pâte moulée sont généralement compostables en respectant les requis exigés par la norme de compostabilité. Il en va de même pour nos barquettes alimentaires en carton recouvertes d’une nos solution de couchage certifiée compostable.
Bac bleu, bac brun ou poubelle?
Il peut arriver que recyclage et compostage soient deux options tout à fait acceptables pour se débarrasser d’un produit plutôt que de le jeter à la poubelle. Mais dans ce cas, comment faire la différence et choisir l’option la plus écoresponsable? Le principal critère afin de déterminer si le produit fini (ex. : emballage alimentaire en papier) doit être jeté dans un bac à recyclage ou composté est celui-ci : si le produit n’est pas ou très peu souillé par des aliments gras ou humides, il est préférable de les jeter dans le bac de recyclage. Dans le cas contraire, il est préférable de les mettre dans le bac à compostage.
La région où aboutira le produit fini est aussi à prendre en compte : comme pour la récupération, les installations, les technologies de compostage municipales et industrielles varient d’une municipalité à l’autre et ne sont pas toujours disponibles. Par ailleurs, les procédés de compostage (municipaux ou industriels) se font à des niveaux de chaleur différents d’un procédé de compostage maison, ce qui influence la liste des matières acceptées. Par exemple, la viande est acceptée uniquement dans les procédés de compostage industriels en raison de leur température très élevée (50 °C durant au moins 3 jours), qui est essentielle pour éliminer les larves d’insectes et les micro-organismes pathogènes. La faible température (en dessous de 40 °C) du compostage maison ne permet pas cette « phase d’hygiénisation » lorsque des résidus de viande s’y trouvent. C’est pourquoi il est préférable de jeter ce type de résidus dans des bacs pour le compostage industriel ou municipal.
Certains produits trouvent moins facilement le chemin de la revalorisation. C’est le cas des emballages alimentaires en bioplastique, comme l’acide polylactique (PLA). Les produits en PLA ne sont pas compostables dans le cadre d’un procédé maison. Cependant, ils peuvent être compostés dans le cadre de certains procédés industriels de compostage où la température est très chaude. Une autre problématique avec ces contenants en PLA : ils sont souvent déposés au dans les bacs de récupération, car leur transparence ressemble à s’y méprendre au plastique. Ils agissent souvent comme contaminants dans les centres de tri et sont traités comme des déchets.

Certifications comme empreintes d’engagement


Plusieurs tests standard doivent être réalisés dans des laboratoires accrédités et approuvés par les organismes de certification avant qu’on puisse confirmer qu’un produit est compostable. Les principaux tests sont la biodégradation, la désintégration, la phytotoxicité et l’analyse des métaux lourds. Chacun de ces tests a des critères de passage et un délai limite pour les atteindre.
Les certifications de compostage permettent de distinguer les produits certifiés du lot. Ces produits sont les seuls autorisés à porter le logo officiel de l’organisme de certification. En Amérique du Nord, les produits certifiés respectent des normes et standards rigoureux, comme ceux de l'American Society for Testing and Materials (ASTM). Pour obtenir ces certifications, d’importants investissements sont souvent requis de la part des fabricants et des compagnies qui les visent.
La Biodegradable Products Institute (BPI) est l’un des organismes de certification américains les plus largement reconnus au Canada et aux États-Unis. La Compost Manufacturing Alliance (CMA) est un autre organisme américain qui gagne en reconnaissance aux États-Unis. Au Canada et en Belgique, les organismes de certifications pour la compostabilité reconnus sont respectivement le Bureau de normalisation du Québec (BNQ) et TUV Austria Belgium.
Des systèmes d’étiquetage normalisés, comme How2Compost, aident aussi à identifier les produits certifiés compostables par l’organisme BPI. Le consommateur est informé en un coup d’œil si, oui ou non, cette possibilité de fin de vie est envisageable pour son produit. L’étiquette explique simplement comment se débarrasser du produit, dans le bac de compost ou le bac de recyclage.
Experts en la matière
Chez Cascades, nous sommes riches d’experts qui veillent à favoriser la fin de vie la plus responsable possible pour ses solutions d’hygiène et d’emballage en favorisant la circularité quand c’est possible. Grâce à la récupération des matières résiduelles, celles-ci sont réintégrées dans la fabrication de produits innovants conçus à partir de fibres recyclées. Ces produits sont sous la loupe de nos experts, qui veillent à améliorer sans cesse leurs recettes et à innover en faveur de l’écoresponsabilité. Cascades s’est d’ailleurs engagée à ce que 100 % des emballages qu’elle fabrique soient recyclables, compostables ou réutilisables d’ici 2030.


